ÉCOLOGIE
p2015_1 2015
"INDICATEURS DE VILLE DURABLE ET FORMES DENSES" dans la revue "La Pierre d'Angle" des ABF
COMMANDITAIRE :
revue LA PIERRE D'ANGLE
TYPE :
publication auteur 2015_1
ÉQUIPE :
Philippe Villien architecte urbaniste
PARTENAIRES :
Interlocuteurs : - Philippe Cieren, Inspecteur général du patrimoine - Rédacteur en chef de Pierre d'Angle, - Carole Fouque, La Pierre d'Angle - Rédactrice et chargée de publication
INDEX PROJETS :
th702,th703,th705
SUJET :
A propos des indicateurs des nouvelles méthodes d'évaluations del a ville durable
DOCUMENT :
2015_scan_article_pierre_angle66_light.pdf
LIENS EXTERNES :
anabf.archi.fr/index.php?option=com_content&view=article&id=47&Itemid=30
MOTS CLÉS :
écologique
Contributions pour la revue ANABF : « LA PIERRE D’ANGLE »
13 juillet 2015
Rappel de la demande et du contexte de la publication : Contribution pour la revue Pierre d'Angle
"La Pierre d'Angle", revue de l'Association Nationale des Architectes des Bâtiments de France (ANABF) paraît deux fois par an depuis trente ans avec le soutien du ministère de la culture et de la communication
Chaque numéro est l'occasion de développer un sujet à la croisée des champs de l'aménagement, de l'architecture et du patrimoine. Le prochain numéro se propose de rassembler des réflexions et prospectives sur la ville en devenir.
Les interventions du séminaire relatif à la densité, qui s'est tenu récemment au Ministère de la Culture, constituent un ensemble de point de vue de nature à enrichir cette réflexion. D'autres sujets interrogeant la ville de demain et son articulation avec le reste du territoire complètent ce numéro.
C'est dans ce cadre que nous avons été sollicité pour publier une synthèse de notre intervention au séminaire ministériel intitulée : "Indicateurs de ville durable et formes denses ". L'article doit être contenu : une double page accompagnée de son iconographie.
Rappel du contexte du séminaire en rapport avec l’article proposé :
« A la suite du séminaire organisé par le Ministère de la Culture et de la Communication : « Qualité architecturale, urbaine et paysagère dans le contexte de la densification »
Séminaire / Séance 3 du mardi 2 décembre 2014 : « La densification a-t-elle une forme ? »
« La densification doit être accompagnée d'un renouvellement des paradigmes du bâti, de la circulation, de la desserte. »
TEXTE DE L'ARTICLE :
Philippe Villien – Architecte Urbaniste – Enseignant ENSAPB, chercheur à l’IPRAUS et ITE EFFICACITY
Titre de l’article :
« Indicateurs de ville durable et formes denses »
Afin de densifier le tissu urbain la qualité de l’architecture doit être redéfinie : mais comment ? L’architecture est impactée et reconfigurée par les démarches liées à la transition énergétique au sens large. De nouvelles méthodes qualitatives sont utilisées. Nous désignons ici la famille de plus en plus vaste et puissante des « référentiels du Développement Durable », eux-mêmes secondés par les labels et les certifications, HQE en France, BREEAM ailleurs.
Dans ces méthodes d’évaluation et de prescription de nombreux objectifs sont déclinés. Mais, et c’est ce qui nous intéresse particulièrement, ces méthodes du DD se fondent essentiellement sur la définition et l’usage d’indicateurs.
Ces indicateurs de la ville réelle sont en évolution rapide, soit parce qu’ils sont d’émergence récente, soit parce qu’ils sont étalonnés beaucoup plus précisément qu’auparavant. Il est indispensable que les architectes en charge des questions du patrimoine s’impliquent dans ces méthodes, afin de participer avec les ingénieurs à l’élaboration des outils de conception et d’évaluation à venir. Il faut, vis-à-vis de ce qui est à tort considéré comme l’apanage de l’ingénierie, nous mettre en situation créative et contribuer de manière majeure à cette nouvelle culture des indicateurs de la ville et de l’architecture. Nous voulons illustrer cette attitude par un panorama d’indicateurs stratégiques pour la qualité architecturale. Nous contribuons en tant qu’architecte urbaniste, à travers diverses missions et recherches, à mieux définir ces indicateurs d’aujourd’hui, notamment ceux mesurant les densités urbaines. Dans cet article les indicateurs évoqués suivent une progression du plus culturel au plus technique.
Ces indicateurs sont regroupés ici en trois thématiques qui décrivent un champ large des études actuelles : les atlas urbains, les études énergétiques des îlots urbains et la modélisation de la lumière naturelle en ville.
Les atlas urbain et leurs nouveaux indicateurs
La première thématique est celle des formes urbaines. Les atlas urbains sont une pratique fort utile et ancienne mais leur renouvellement avec les approches DD n’est pas stabilisé. Nous avons découvert en étudiant les atlas urbains actuels que nous travaillons à la qualité urbaine sans nous fonder sur une gamme d’indicateurs robustes et étalonnés précisément ce qui nous place en position de faiblesse.
Lors de l’élaboration du référentiel d’aménagement durable pour la Communauté d’Agglomération de Cergy Pontoise nous avons produit un atlas mesurant 14 indicateurs (cf. illustration 1). Parmi ceux-ci certains conditionnent directement la qualité de la densité urbaine. Il est toujours très difficile de réunir des données précises sur ces indicateurs pourtant largement débattus et très stratégiques puisqu’ils influent sur la qualité urbaine. Prenons trois exemples. L’emprise au sol est réglementée dans de nombreux PLU mais elle est très mal évaluée dans sa réalité construite. L’arboricité en ville est mesurable par le taux d’arbres de hautes tiges à l’hectare, hors ce taux est quasiment inconnu alors qu’il conditionne énormément le confort des espaces publics et des cours des villes denses. La fertilité du sol est ce qui reste du sol urbain comme potentiellement fertile, une fois enlevées les emprises au sol du bâti et celle minéralisées de la desserte véhicule et piétonne. Cette fertilité détermine directement la régulation des îlots de chaleur. Et pourtant cette fertilité urbaine n’est pas documentée de manière robuste, ni étalonnée selon les différents caractères urbains.
Les gisements énergétiques en ville à spatialiser
La deuxième thématique recourant à une logique d’indicateur est celle concernant l’énergie des bâtiments et plus précisément celle des gisements en ville. Lors de la recherche Ignis Mutat Res conduite par le Ministère de la Culture et de la Communication et l’AIGP nous avons au sein de l’équipe Ipraus E. Gallo fait la partie prospective. Pour établir cette prospective nous avons défini une typologie des énergies accessibles localement en la fondant sur la spatialité. Ce point est extrêmement important : parmi les nombreuses approches de l’énergie en ville il est indispensable d’avoir une lecture spatiale à partir de la coupe et non uniquement un classement issu de la technique. Les gisements urbains sont ainsi révélés par strates, du sous-sol à la canopée, selon trois grandes figures d’accès. Notre typologie énergétique est d’essence « territoriale » : c’est là tout l’intérêt de cette nouvelle typologie basée sur les nouveaux usages du « sol ». Cette typologie se décline en 3 grandes familles selon les modes d’extraction de ces gisements : en « flux», en « diffus » et « en « poches » (cf. illustration 2). Pour les types « flux » : l’énergie est contenue dans les réseaux existants : égouts, chauffage urbain essentiellement dans les strates proches du sol, dessus et dessous. Pour les types « diffus » : l’énergie est captée par petites quantités dans de multiples emplacements, essentiellement dans les parties supérieures de la coupe du sol (éolien et solaire). Pour les types « poches » : l’énergie est là en volume, dans des formes et des placements très divers. Essentiellement en 2 séries, en strates aériennes intermédiaires et dans les profondeurs du sous-sol (géothermie, biomasse, datacenters, …).
Les mix énergétiques de la ville dense deviennent cartographiables et leur diversité est un bon présage pour leur future exploitation (cf. illustration 3). Les indicateurs énergétiques issus de cette approche spatialisée permettront de concevoir plus finement l’intégration dans l’architecture de ces nouvelles énergies renouvelables locales qu’un simple « patch technique ».
L’enjeu de la modélisation de la lumière naturelle en ville
La troisième thématique est celle de la lumière naturelle. Elle génère de nouveaux indicateurs essentiels à la qualité architecturale. Nous avons effectué une recherche intitulée CLEA – Confort Lumière Energie Ambiance pour le FEDER et la Direccte IDF avec l’équipe mandatée par Deluminae. Nous avons pu développer de nombreux indicateurs nouveaux, notamment pour ceux de la conception urbaine. A l’échelle urbaine une typologie générale est reliée aux situations de la lumière naturelle et de la vue. Il est dés lors possible de modéliser les tests d’ensoleillement, de masques solaires, des obstructions de la vue sur le ciel afin de partager des valeurs de référence (cf. illustration 4). L’approche rationnelle de la lumière et celle de la vue sur l’extérieur pourront ainsi être incorporées aux diagnostics architecturaux et urbains et enrichir avec précisions les prescriptions et les évaluations.
Cette énumération illustrée souhaite insister sur une question cruciale pour penser la ville de demain : les indicateurs spatialisés sont devenus un enjeu urgent pour les architectes, pour mieux partager la qualité architecturale."
couverture revue La Pierre d'Angle N°66
Article Philippe Villien dans la revue Pierre d'Angle, page 1 sur 2
ISA5
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